23 Octobre 2022
Je m’appelle Antoine Bergerault et j’ai pu me poser tout un tas de questions ces dernières années. Si j’écris cet article c’est pour une raison simple : ces questions sont importantes à mes yeux, et je souhaite partager mes réflexions à ceux qui voudront les lire. Bien que les idées qui suivront pourraient être intéressantes pour certains, je pense que les réflexions que vous serez peut-être amenés à vous poser sur vous-même le seront davantage. Je vous invite donc humblement à jouer à ce jeu là. Il n’y a pas de guide, les questions n’ont aucun objectif précis. Ce sont des propositions à essayer des chemins de pensées, faites par un étudiant.
On a tous des objectifs de vie. Ne pas avoir d’objectifs est un objectif en tant que tel. On peut vouloir passer le temps, vivre tranquillement, au fond, vivre notre vie. Bien sûr, il y a des contraintes, des règles à respecter, et heureusement d’ailleurs. Mais les objectifs de vie ne doivent pas être universels. J’ai un objectif, sûrement différent de nombre de mes connaissances, et c’est tout. Ce que je veux dire ici est qu’il ne faut pas chercher à être numéro un pour ci ou ça, mais au contraire savoir ce que l’on veut. Ce que l’on veut vraiment et non pas ce que les autres veulent de nous, ou ce que les autres veulent pour eux-mêmes. Ce n’est pas une invitation à être égoïste, à ignorer les autres, mais plutôt une invitation à préciser ses objectifs de vie personnels.
Comment ne rien regretter ? C’est une première question compliquée. Les regrets et les remords sont des vues désagréables de notre passé, qui prennent parfois des proportions irrationelles. De mon côté je pense avoir trouvé un point clé de ma réponse: ne pas laisser notre peur nous limiter. Je ne parle pas de peur immense, mais de la peur du quotidien, la peur de sortir de sa zone de confort, la peur d’oser, la peur de l’inconnu. En fait, la peur du changement. Aujourd’hui je vis très bien, je suis pleinement heureux et je me dis : comment aurait été ma vie si je n’avais pas osé changer ? Elle aurait été bien différente ; pas catastrophique, mais différente. Je n’aurais pas raté ma vie, mais je n’aurais pas eu les mêmes opportunités. J’ai eu des regrets par le passé, forcément, et je pense qu’appréhender la peur (et la vie en général) de façon positive est vraiment un atout. Un atout pour notre propre bonheur, un atout pour ne pas regretter, un atout pour les autres. Voir la vie comme un jeu, comme une partie de Monopoly : bien sûr il y a de la chance là-dedans, mais on est avant tout là pour jouer. C’est facile à dire pour moi qui suis en ce moment sagement en train d’écrire ces lignes, ce n’est pas forcément facile à lire, je le sais bien. Il y a des choses qui arrivent au cours d’une vie (qui suis-je pour parler de ça ?) et qui sont indépendantes de notre volonté. Indépendantes de notre volonté. Autrement dit, ce ne sont pas nos actions qui les impliquent directement, ce n’est pas de notre faute. Dans ce cas-là prenons du recul, méditons un peu, et continuons à jouer.
La clé du bonheur est aussi de ne pas y penser. Evitons l’overthinking et jouons intelligemment, mais jouons. Pourquoi vivre de manière compliquée quand on peut vivre simplement ? Prenons nos distances avec ce qui nous rend mauvais. La vie est déjà pleine de faux-semblants, de « ça va ? » totalement désintéressés, rien ne sert de s’encombrer la tête avec des parasites.
Qu’attendons-nous ? Sommes-nous heureux maintenant ou visons-nous un bonheur lointain ? Qu’est-ce que la réussite, sa réussite ?
Il y a 2 ans j’ai discerné 4 problèmes de notre société moderne et qui sont pour moi la cause de bien nombreuses protestations, de bien nombreux débats pas forcément utiles, et de bien nombreuses manipulations, désinformations et colères1. Voici comment je les ai nommé : Surappropriation, Sursimplification, Confusion idée-thème, Union penser-savoir.
Avec toutes ces idées il peut paraître tentant de baisser les bras. Au contraire, voyons ça comme une opportunité d’apprendre ou de réapprendre à se connaître, à savoir comment l’on fonctionne, comment l’Homme fonctionne. La sociologie est une science humaine que je trouve passionnante. L’étude du comportement en particulier. On se rend compte que l’on agit bien loin de nos pensées rationnelles. C’est quelque-chose que je trouve fascinant, moi qui comme bon nombre de scientifiques maintient une obsession pour la pensée rationnelle (particularité du type 5 ennéagramme). J’aime bien évoquer les biais cognitifs pour expliquer certaines choses, ou du moins tenter de les comprendre. Si vous ne connaissez pas ce sujet, je vous invite à aller regarder ce que c’est, voir les principaux biais et trouver des exemples pour chaque.
Maintenant essayons d’analyser un peu plus ce qui se passe dans les sociétés mordernes. Nous vivons à une époque où nos besoins primaires sont de plus en plus satisfiables. Par cela j’entends : l’eau potable est accessible, la nourriture également dans une moindre mesure. Nous tendons donc naturellement à vouloir franchir les différents paliers de la pyramide de Maslow3. Deux exemples que je peux imaginer sont les suivants :
Ne vous est-il pas déjà arrivé de vous sentir jugé sans raison ? De vous dire que ce qu’il y a de logique à faire n’est pas forcément ce qu’il y a de plus « normal » ? Ou tout simplement de vous limiter aux actions conventionnelles plutôt que d’essayer d’explorer d’autres solutions ? En y réfléchissant un peu j’en suis arrivé à un constat tout simple : je parie que de son temps, Einstein était bizarre. Maintenant quasiment tout le monde le connaît, peut-être un peu moins de monde sait ce qu’il a vraiment apporté à la physique, mais on a quasiment tous une idée du personnage. C’est un scientifique brillant qui a grandement fait progresser la science. Einstein est respecté par bon nombre, et c’est sa différence qui a fait sa reconnaissance. Il n’est pas comme tous les scientifiques. Et maintenant, nous pouvons nous poser la question : est-ce que c’est en travaillant comme 80% des scientifiques que nous pourrons devenir comme 20% de ceux qui apportent le plus à leur science ? Est-ce que c’est en faisant comme tout le monde que nous pouvons espérer ne pas être comme tout le monde ? Cette question rhétorique n’est pas un remède miracle. Elle ne nous dit pas qu’en « fonçant les yeux fermés en outrepassant les codes de cette société ultra-normalisée » nous finiront pas être des génies. Je pense que cette réflexion est davantage là pour apporter un sens positif à la différence. Si je suis différent des autres, tant mieux. Il n’existe pas d’humain moyen, celui qui passe toutes les normes. Alors acceptons nos différences et voyons tout le positif qu’elles peuvent apporter.
De même, il nous suffit de quelques secondes pour juger quelqu’un, cette fameuse « première impression ». Je n’apporterai rien de plus que ce que l’on peut déjà entendre ici et là, comme quoi il faut faire raisonnablement attention aux impressions que l’on laisse sur les autres. J’aimerais souligner que ce constat du jugement se rapporte aussi à nous même. La pensée que je développe est peut-être égo-centrée, mais mieux se comprendre, mieux se juger et mieux se comporter peut nous aider à aider les autres. Savoir ce qui est bon pour nous et ce qui peut nous faire changer est un plus lorsqu’il s’agit d’en venir aux autres. C’est l’instrument d’un environnement positif et d’un partage chaleureux et réfléchi. L’idée est de se voir de la façon dont on aimerait se voir. Un de mes professeurs à Carnegie Mellon – formidable au passage – nous disait « Ne vous voyez pas comme des étudiants, voyez-vous comme des professionnels ». Être professionnel c’est prendre tout le travail sérieusement. Cela implique aussi je pense une certaine forme d’humilité. Humilité dans ce que l’on sait, ce que l’on sait faire et ce qu’on a déjà fait. Pourquoi penser de cette façon ? Eh bien pour ne pas devenir soit même l’archétype de l’étudiant, sans raison valable. Justifier ses actions et ses pensées par le simple fait d’être étudiant: « Tu souffres de dépression ? Bienvenue dans la vie étudiante », « Tu t’es couché à 3h aujourd’hui ? C’est super tôt, un record pour cette semaine », « Je suis un étudiant alors je m’habille en jean-basket ». Non, il n’est pas nécessaire de se rapporter à ça par habitude, et parce que c’est « comme ça ». Il ne faut pas se restreindre soi même et oublier les choix rationnels. Cette pensée positive de se voir comme un professionnel n’exclut cependant pas la pensée objective. C’est un angle de vue que l’on décide de prendre sur les choses et sur la vie.
C’est là où finalement la réflexion prend une place importante, et il m’est difficile de donner des réponses concrètes et universelles. Nous pouvons chercher à éviter l’échec, pour tous les sens qu’on voudrait donner à ce mot, mais comment ? Je ne pense pas que cela soit possible en général. Peut-on s’éduquer pour éviter des échecs plus ou moins prévisibles ? Quelle est la limite de l’éducation ? Peut-on tout faire apprendre ? Je ne pense pas que cela puisse être le cas. Certains « échecs » peuvent s’avérer très utiles et nous faire progresser. Et puis définir l’échec n’est pas si simple. Tout comme nos objectifs ne doivent pas être dictés par les autres, nos échecs ne doivent pas l’être non plus. Considérer un évènement comme un échec ou une réussite revient d’un jugement personnel. Par exemple, à quel moment considère-t-on que l’on a « raté » un examen, un test, une expérience ?
Le monde dans lequel on vit est complexe, les personnes que l’on croise sont complexes. On évolue dans cet environnement avec cette attache à la vie et une certaine persévérance dans les choses qui nous animent. On fait du sport, pour soi, pour les autres peut-être, on essaye de se dépasser et s’améliorer. On essaye je l’espère de donner du sens aux choses. On est tous différents, on a tous des défauts, et tout cela est nécessaire. C’est cela qui donne sa puissance à la vie, cela qui nous fait rencontrer du monde, qui nous fait débattre, réfléchir et inventer.
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